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faire et ne pas faire

14 juin 2021

En 2020-2021 ? Trois autres livres publiés de ma

En 2020-2021 ? 
Trois autres livres publiés de ma Mini-Anthologie Limitée, Provisoire et Dans Le Désordre ; je l'appelle comme ça, ce qui n'est pas le cas de mon éditeur PCCBA, auprès de qui je m'excuse donc.
Par ailleurs, je m'excuse auprès de Déconfetti d'avoir été présent dans les numéros 24, 39, 40, 41 et suivants ; autant d'avoir été si peu présent que de l'avoir été déjà trop. 
Bref, j'ai à la fois fait et pas fait, comme depuis toujours, comme le rappelle en substance (ou en détails, tout dépend sur quel plan l'on se place) ce texte également mis (car ni vraiment "publié", ni vraiment "paru") sur mon blog Définitivement qui est, à tout prendre, ce que je préfère :

 

Faire et ne pas faire



C’est justement parce qu’il y avait l’évidence qu’il y a eu la honte.

Justement parce que c’était trop normal d’être un artiste, trop l’exemple recommandé, qu’il y a eu l’envie trop spontanée de l’être et à partir de là, la peur du ridicule.
Tous ceux qui paraissent ne pas avoir de problème à l’affirmer, à nager dans le bain, c’est sûrement après tout parce qu’à la base ils ont eu l’impression d’obtenir quelque chose contre une évidence adverse, qu’ils sont pas gênés. C’est la fierté, l’affirmation, l’orgueil d’en être contre tout ce qui n’en est pas.
À l’inverse, quand il a paru (à moi) que c’était la banalité du destin que d’y tendre, d’essayer de me trouver « mon truc » à moi dans l’art et que cette recherche, par sa candeur trop empressée, me conduisait à investir des choses trop fortes pour moi, me conduisant au ridicule, je ne pouvais que me sentir perpétuellement honteux. Je disais donc : la honte d’une évidence trop grande (trop grande dans l’absolu, trop grande pour moi).

J’ai retardé le plus longtemps possible le moment où j’allais devoir me saisir moi-même de mes dires, au lieu de les laisser aux autres. Banalité de démarrer en tant qu’interprète ? Certes, sauf que c’était ainsi, déjà, que j’avais l’impression de « faire » (l’art). Être tellement nourri, y plonger tellement et en répéter les atours et les contours, que l’évidence perdait sa sécheresse (la sécheresse crucifiante du « allez, vas-y, à toi ! ») et prenait toutes les couleurs possibles du monde. C’est quelque chose que j’ai retrouvé tout au long de mon parcours : les périodes où j’ai l’impression de « faire » le plus, à savoir d’être le plus (vous m’accorderez l’équation faire = être), sont rarement celles où j’ai « fait » proprement dit au sens où l’entendent ceux qui « s’y mettent » vraiment. « S’y mettre » me semble même parfois la meilleure façon de se défiler, de passer à côté non seulement de soi, mais aussi carrément de l’art en tant qu’en-soi (celui-ci devenant alors sec, trop accessible à l’individu pour être honnête).

À partir de là, ma démarche d’artiste, épousant à son corps défendant, par la force des choses, de façon non préméditée, une propension conceptuellement postmoderne à la « monstration de soi », allait reposer sur cette source fort riche en surprises, dont le plus grand mystère est pour moi qu’elle ne convainc pas davantage de monde : celle de l’alternance entre « faire et ne pas faire », sans que l’on sache jamais très bien de quel côté l’on se situe.
Dit de façon plus sociale : c’est justement parce que l’art était l’évidence de ma vie qu’il ne fallait pas que je m’y consacre. « M’y mettre » entièrement aurait été une preuve d’une trop grande légèreté vis-à-vis de lui. C’est justement en ne m’y « mettant » pas entièrement que je m’y suis mis tout entier, au sens où ainsi c’était complètement moi : ce fait de ne pas « s’y mettre », ça ne pouvait pas être plus moi. Et c’est cela que je voulais montrer, développer.
Ainsi, parfois, j’ai été encore plus proche de l’art quand je m’en éloignais, car cette volonté d’éloignement ne pouvait avoir lieu que sous son commandement, témoignait de son importance tellement haute qu’il pouvait me conduire à vouloir m’en préserver (pour ne pas le gâcher, et puis toujours à cause de sa trop grande force pour mes faiblesses).

Hors de question de faire de l’art, tellement je suis un artiste ! C’est pour ça que je n’en parle pas à grand monde. Ça doit rester entre l’art et moi. Ainsi, c’est l’être encore plus, c’est faire juste pour faire, ce qui est bien le plus bel hommage que l’on peut faire au faire.
Ceux qui sont « dedans », est-ce qu’on peut dire qu’ils continuent vraiment à l’être, à en faire ? Franchement, pas tout le temps, pas souvent. C’est autre chose : c’est leur raison de vivre ; moi, c’est ma raison d’être. Ma raison de vivre, c’est le sentiment de l’art dans la vie, ce qui suppose parfois de laisser un peu l’art pour mieux le retrouver dans la vie. Quant au sentiment de la vie dans l’art, je connais aussi, je m’y suis attaqué dans ma jeunesse, quand je m’y isolais du reste. Mais alors c’était trop « faire » pour que ce soit vraiment du « faire » digne de la vie, c’était trop s’obnubiler, s’illuminer : il faut que « faire » sache passer par « ne pas faire » pour rester pleinement vivant.

Me soigner, il me semble que c’est souvent passé par « ne plus faire » (de l’art). Car c’était ainsi me délester de manies, de lubies. Or, l’artiste qui « y est », qui « s’y met », il doit accepter de s’y enfermer, dans ses lubies. C’est ainsi qu’il fait son métier. Il devient ainsi à la fois non-sain, contraire à la vie et donc à l’être et donc à l’art, tout en étant officiellement artiste et même le seul « vrai », le seul qui soit. Il y a quelque chose qui cloche, ça colle pas. Quand c’est qu’ils nous montreront lorsqu’ils ne font plus ? On aimerait les voir (aussi) lorsqu’ils ne font pas ou plus ! Mais ça, ils le gardent pour eux, alors que c’est ce qu’il y a de plus intéressant.

Je suis sûr que vous savez que c’est quand je ne fais pas que je fais le plus, je suis sûr que ça se sent. Le faire sentir, c’est ce à quoi je me suis consacré, ce qui suppose donc (aussi) (parfois) de volontairement et sereinement ne plus faire.

Dans chaque période, dans chaque virage, je suis conscient que ça ne durera qu’un temps, que ce n’est qu’une période, qu’un virage, mais ce sentiment n’empêche pas d’y aller délibérément et frontalement. Au contraire. Ça fait partie de la richesse de la décision. Quand je refuse l’art, c’est tout l’art qui m’entraîne ainsi et que j’ai hâte de retrouver dans quelques mois ou quelques années (suivant la durée de la période, du virage) ; mon refus, c’est encore lui, c’est encore de l’art. Le goût pour m’en sortir, pour le réfléchir, m’en distancer d’un regard distancié, sociologique, psychologique, c’est encore lui, c’est toujours lui, c’est toujours l’art qui me fait être ainsi. Ce serait pas possible autrement. Ça n’aurait pas lieu.

Le fait d’écrire tout cela, c’est y revenir pleinement (dans une exposition proprement artistique où le ton, le ton du soi a toute son importance). Mais je sais qu’en y revenant, je voudrai dans quelques temps m’en éloigner de nouveau et rejouer au « revenu de tout », au sachant. Et alors je n’écrirai de nouveau plus pareil, à ce point que je ne voudrai plus écrire (au sens d’écrire) : je voudrai alors dire (alors que dire, dans l’art, ça ne se fait pas, ça n’est pas des manières). J’en ai tout à fait conscience en ce moment, au moment où précisément je dis, tout en écrivant, je fais croire que je dis alors que j’écris et vice-versa, en fait je ne sais pas forcément où j’en suis. Mais quoi qu’il en soit, bientôt, je ferai croire que j’écris alors que je dirai. Vous verrez.

 

 

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11 juillet 2020

« Si je ne devais dessiner que quand je me

« Si je ne devais dessiner que quand je me sentais capable de tenir un stylo, cela n'aurait pas souvent lieu », me suis-je dit. Le fait est que cette année 2019-2020, après avoir célébré le fait de ne pas faire, j'ai quand même pas mal fait, du moins ce que je pouvais (même quand je pouvais pas, ce qui explique les variations du trait). Finalement, le but de tout cela, c'est que l'on voit que ça se passe, que ça passe par des moments... enfin "tout ça tout ça", comme on dit... Il y a d'abord eu L'enquête sur la porte avant qu'elle ne s'ouvre, où la plupart du temps je maîtrisais pas grand chose (pour la bonne et simple raison que chaque moment de la journée où je prends le stylo dicte sa contrainte selon le taux de glycémie).

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Qui l'a lu, qui l'a lu ? Le fait est que ça n'avait rien de secret, c'est sur des pages internet. Côté secret, cependant, ça a continué. Je me suis dit que... que quelque chose... que ça devait... enfin bon, déjà, il y a eu mes deux beaux bouquins sortis chez PCCBA : Petits totems et Chez le bouquiniste. À la fois ils existaient déjà vu que les pages avaient jadis été postées sur le réseau, mais à la fois ils n'existent que comme ça et il se trouve qu'on a pu me dire que c'était mieux ainsi. Mais il n'empêche que ça m'a donné envie de faire l'inverse : (Re)constitutions était sur papier, le voici sur le réseau, rebichonné qui plus est (sans contours de cases, plus joli comme ça). Le fait est que j'avais fait exprès à l'époque (par autodestruction) de faire l'inverse de l'inverse, de sortir pour la première fois un truc en fascicule alors que ça aurait dû être le seul truc lisible sur écran animé. Je n'y croyais pas. Maintenant, davantage, mais ça veut pas dire que ce sera toujours le cas. 

extrait Constitutions

Un artiste (je veux dire, quelqu'un qui se pense quotidiennement comme tel, qui s'attelle comme tel) trouverait peut-être que ce n'est pas ça qui fait le sel de ce qu'il fait, mais pour moi c'est cela : c'est cette alternance sans cesse entre faire et ne pas faire. C'est ça qu'il y a à suivre, à observer. La non-pratique fait autant partie de la chose que la pratique. À l'époque de la page ci-dessus, je sentais qu'il ne fallait pas que je loupe le coche, c'était le moment où jamais pour qu'on me dise ce qu'il fallait que je fasse : personne n'est venu, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ce moment comme il se présentait, à savoir comme une pratique qui allait nécessairement déboucher sur une non-pratique afférente. Le fait est que cette dernière s'est imposée, d'abord pour coller au coche raté, puis plus volontairement, par dégoût d'attendre quoi que ce soit d'autre que ma propre compréhension. Après m'être davantage compris (et le monde en passant), je reviens tout aussi muet avec un bonhomme burlesque. Quelqu'un en voudra t-il un jour ? (Ci-dessous, extrait d'Igly.)

extrait Igly

J'oubliais que précédemment, juste avant "Igly"(cémie), j'avais commencé une bande dessinée sur les courses de montures. Car il ne faut pas croire que j'ai renoncé à raconter quoi que ce soit, simplement je... ça débouchera sur ce que... enfin ça rendra un certain écho, quoi, l'écho que j'aurai décidé !!! (Ci-dessous, extrait de La seule écurie digne de ce nom.)

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Il ne faut pas croire non plus que tout est toujours situé dans un "projet", des fois c'est juste qu'il y a à dire. Et c'est pas parce qu'il y a à dire que je tiens pas bien mon stylo, la preuve ci-dessous, ça dit bien ce que ça veut dire et en même temps le stylo est bien tenu. Mais le fait est qu'au bout d'un moment, finit toujours par advenir une perturbation, interne ou externe. Du coup je sais pas si je vais pas finalement me mettre à ne plus faire, maintenant que... Nan parce que j'ai déjà assez... En tout cas "ce sera fait", comme on dit (même si ça consiste à ne pas le faire). Ou autre variante : ce n'est pas parce que c'est fait que ça le sera toujours (ça peut très bien devenir un non-faire.) (Ci-dessous, extrait d'un ensemble plus ou moins cohérent d'histoires courtes.)

extrait histoires

Mais tout d'même, en dernière analyse, en dernier ressort, je finis toujours pas détaler ! Dernier "projet" qui sera évoqué ici : C'est encore moi, dont on sait qu'il fera 70 pages environ parce qu'il dépend d'un carnet (ce qui ne m'arrive pas si souvent). Au début ça commençait détendu, puis ensuite ça peut pas s'empêcher de s'affoler ! Il faut dire que c'est quand surgissent les grands sujets : l'attachement, ce genre de chose... Les plus fidèles d'entre vous savent que je n'ai toujours voulu parler que d'attachement. Ceux qui sont en train de se dire "ah bon, de l'attachement dans Lucas Taïeb ?" n'ont tout simplement pas lu les pages qu'il fallait et c'est bien dommage mais c'est en grande partie de ma faute. Par contre c'est... c'est vrai, je les comprends, je veux dire j'entends déjà leurs critiques (car ils critiqueront forcément, ils sont comme ça), dès que ça parle d'attachement ça peut pas s'empêcher de moins bien tenir le stylo. Mais vous savez, quoi qu'il en soit, ça se regardera comme ça se regardera, ça suivra ce qui précédera et vice-versa, ce sera fait et ensuite il faudra non-faire pour dissiper la honte d'avoir fait. Et ce sera sans doute semblable à moi, que ça me plaise ou pas.

extrait encore moi 1

extrait encore moi 2

 

PS : Héééé mais n'oublions pas Cansanio (rien de nouveau mais je l'ai quand même ressorti) !

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26 septembre 2019

Lucas Taïeb est mort, vive Lucas Taïeb !

Qui a lu Kantorowicz (Les deux corps du roi) sait que lorsqu'on s'écriait ceci il était davantage question de perpétuer que d'interrompre. La substance de la fonction est éternelle. Toutes choses égales par ailleurs, être Lucas Taïeb est aussi une forme de sacerdoce. Quand c'est fini, il faut encore que ça continue. Mais d'une manière telle que la fin apparaît bel et bien, se fait sentir plus qu'un peu. Une fin à dépasser, qui se dépasse. Pas tant une “vie après la mort” qu'une simultanéité des deux états : une mort qui est en même temps une vie et vice-versa.

Une certaine façon de se vivre, de se considérer est révolue (“ça sent le sapin", comme dirait l'autre), mais ce n'est pas pour autant qu'il faut cesser toute considération, toute manifestation ! Manifester que l'on se situe au-delà de l'état de pratique, c'est déjà une forme de pratique, même si elle dit bien ce qu'elle veut dire : elle ne se pense plus comme telle, elle n'existe que comme supplément d'âme, rab existentiel. 

censuré

Par exemple, quelques pages inespérées dans Tchouc-Tchouc n°6 et déjà un début de célébration remémorative, qui devrait ensuite avoir lieu d'une façon plus complète et encore plus inespérée courant 2020 avec une sorte de mini-anthologie à tirage limité donc je devrais logiquement vous reparler ici-même, si l'art et la terre existent encore.

(J'ai bien dit remémorative, je n'ai pas dit commémorative. La remémoration est encore une pratique. Ça fait partie de la vie.)

Par exemple aussi, un tumblr qui a dans un premier temps abrité des enfants têtus (dont certains ensuite hébergés dans Tchouc-Tchouc, tiens tiens) explique désormais comment [vous] faire croire que je continue. C'est vrai ça, comment leur faire croire que je fais encore de la bande dessinée ? Eh bien en en faisant, pardi !

(Oui, je l'ai réécrit en dessous au cas où. Je vous aime tous.)

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30 mars 2019

Provisoirement

Ci-dessous : deux textes non retenus pour "Définitivement". Correspondant à des élans trop vite retombés. Encore moins intelligibles que les autres. Contexte : année 2016, celle où j'ai eu le moins confiance en moi de toute ma vie. Tout ce qui me venait (ou presque) était indigne. Le fait est que ça ne l'est pas toujours (ou toujours pas).

 

Le rire du samouraï

Retranscription :

Peut-être le seul vrai "projet" de Lucas Taïeb : écrire pour les techniciens de surface.
"Personne parle des pieds des chaises", avais-je écrit dans une page à l'allure absurde. Si on la prenait pas au sérieux on n'avait pas compris. Rien de plus sale que les pieds des chaises : ça draine tout le temps la poussière, ça qui reste collée et on en-dessous et on passe à côté sans la voir. Seuls les techniciens de surface savent qu'il ne faut pas oublier les pieds des chaises. 
Cela m'arrive moi-même si souvent... J'aurais tant besoin  Tout  Je glisse sur le monde comme sur de la poussière (que j'exècre). Je ne suis attentif à rien, ou si peu. Besoin des lanternes des techniciens de surface, qui percevront toujours mieux l'espace que nous autres, rêve artistes hors-sol.
 
Interprétation prosaïque : On voit que je passais souvent l'aspirateur à l'époque.

C'est le rire du samouraï [?]
(On me dit que ce texte marche aussi pour toute élection présidentielle en général.) [Phrase formant à l'origine la conclusion du second fragment ci-dessous sur les primaires de la droite]

La primaire de la droite

Retranscription :

"Ils défilent pour rien", les gens de droite [?]
Ce qui me pousse à me lever le matin, autrement dit ce qu'il semble que je préfère dans la vie, c'est soit les choses de l'humour soit les choses politiques (ça dépend, c'est les deux). Dans les événements qui vont prof prochainement se dérouler, ce sont donc "les primaires de la droite" qui rassemblent ces deux dimensions. (Le summum de l'inanité grotesque édifiée en "élection"), deux dimensions ne faisant qu'une puisque c'est bien en atteignant un niveau historique d'autre monde ("ils sont dans un autre monde", comme on dit), d'incompréhension vis-à-vis du réel nôtre, que le spectacle grand-bourgeois devient à la fois le plus hilarant et car le plus morbide. Oui, rendons-nous compte que nous ne sommes qu'ils ne seront jamais aussi loin dans le n'importe quoi, observons-les une dernière fois perversement en se tapant les cuisses (supériorité qu'il y a à contempler ses ennemis quand ils sont ridicules), payons-nous en une bonne tranche, rions jaune, rions noir, rions franchement, car c'est le signe que tout cela est mort (ou en passe de l'être) ne peut plus exister.
Certes, nous combattons la gauche de droite, mais la droite
Certes
Souvenons-nous que certes, nous combattons présentement une "gauche de droite". Mais la "bonne vieille droite" rôde dans les parages. Chantage ? Point du tout ! Vous n'y êtes pas ! Tapons toujours sur la première mais prenons pensons à prendre quelques moments de détente en se rappelant que la seconde croit encore devoir vivre et que c'est impayable. 

Interprétation : Je pensais vraiment que "la primaire de la droite" serait définitivement le tombeau de la bourgeoisie traditionnelle qui ferait tout capoter et je tiens à affirmer ainsi ma capacité de visionnaire même si c'est plus tard que ça s'est joué. Reste l'autre droite maintenant. 

 

10 février 2019

Lucas Taïeb a été.

1

Il semblait que je croyais au potentiel téléologique de la compromission dans la matière karmique : c'est par la pratique que je me libérerais de la pratique. Les traits pour qu'il n'y en ait plus ensuite. 

Il est donc arrivé une sorte de malaise quand je me suis senti libéré (courant 2013) : ça y est j'ai atteint l'enstase mystique, que faire donc des possibilités restantes ? Elles ne tenaient plus à rien, puisque j'avais atteint l'indistinction primordiale : je me voyais n'être plus ni sujet ni objet. Je pouvais enfin cesser de chercher la transe. Meubler encore un petit peu, puis me retirer. 

2

Ainsi, je comprenais encore moins ce qui faisait bouger les artistes : n'atteignaient-ils donc jamais rien ? Pourquoi continuer indéfiniment ? Pour ma part, ce qui m'avait fait commencer, c'était l'effort de détachement vis-à-vis des douleurs (elles n'existent pas) ; est donc venue ensuite la concentration sur ce qu'il fallait que je fasse (ma seule période artistique proprement dite, 2002-2005, contée ici) ; puis l'indifférence vis-à-vis de ce que pouvaient bien porter mes traits (au point où j'en étais).

Les autres praticiens n'expérimentaient-ils donc jamais l'indifférence ? C'était donc pour ça, leur propreté ! Leurs stratégies, etc. D'où mon incompréhension, d'où mon dégoût, d'où les sciences sociales pour comprendre ce qui fait tenir les hommes à leur illusio

3

Je voulais montrer que j'avais atteint l'au-delà de la pratique. Au bout d'un moment, montrer qu'on ne tient plus à rien devient superfétatoire : il faut juste faire rien. C'était prévu dès le départ. 

Aujourd'hui, je n'en ai plus honte : ni d'avoir pratiqué, ni d'avoir arrêté. J'aimerais juste montrer tout ce que cela m'a fait traverser. Ça en valait la peine. Il n'y a que comme ça que je pouvais me conduire vers ma propre fin. 

4

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26 décembre 2016

C'était Lucas Taïeb.

Je voulais faire quelque chose où je résumais (en BD) comment j'en suis arrivé là (à faire quelque chose par défaut, qui ne correspondait à rien de spécial – à savoir des sortes de BD ou en tout cas des traits – puis à la prise de conscience que ça ne reposait plus sur aucune nécessité intérieure, sur aucun choix d'être), mais en essayant de le faire j'ai eu un sale goût dans la bouche : cette façon de manier le stylo, de former ces lettres, de positionner ces formes, tout cela m'écœure définitivement. Ça ne peut plus se faire. Ça ne tient plus à rien. 

Il s'agit donc de dire une bonne fois pour toutes que c'est fini, que c'était Lucas Taïeb. On a le droit de trouver cela d'un ridicule achevé (c'est le cas de le dire) puisque point besoin de tambour pour un type dans une cave, mais c'est histoire de poser un jalon clair et net : tout cela ne m'intéresse plus et je ne vois pas comment cela pourrait encore m'intéresser. 

Je crois pouvoir dire que je savais pertinemment depuis le début qu'un jour ça sentirait la fin, que c'était juste une façon de meubler une attente, un malaise (qui fut long, diffus et obnubilant), qu'il fallait que ça se dissipe quand la clarté mentale arriverait. Je vois qu'il y en a qui rigolent dans le fond quand je parle de clarté, je m'explique : si la confusion est toujours là, elle est désormais claire sur elle-même, ce qui change tout. Elle sait ce qu'elle conçoit, elle n'a plus besoin d'occupation par défaut. Me remettre aux traits, ce serait régurgiter mon vomi d'antan, ma mélasse immobile et agitée, ça ne voudrait rien dire et ça me ferait faire des cauchemars. M'échapper de Lucas Taïeb, c'est ce vers quoi j'ai toujours tendu, c'était le noble but de toute cette foire, c'était le sens en soi de la production. J'y suis donc parvenu, mission accomplie. 

Je remercie ceux qui ont persisté à trouver quelque chose là-dedans, jusqu'à tout dernièrement ; finalement c'est pas si mal d'avoir attendu la fin pour me coucher sur papier, cela laisse une chouette cerise sur le gâteau. Mais je suis attendu ailleurs, en tout cas par moi-même, ce qui est l'essentiel. Alors foin de tergiversations, laissons les traits là où ils sont, ils y sont très bien, cela suffit.

(L'écriture, elle fera ce qu'elle voudra quand elle voudra. Mais pas sous ce nom.)

 

1 octobre 2016

PLUS VRAIMENT DE LUCAS TAÏEB MAIS SON SOUVENIR

PLUS VRAIMENT DE LUCAS TAÏEB MAIS SON SOUVENIR ICI QU'ON LUI A FABRIQUÉ (MERCI).

29 mai 2016

On m'a fabriqué SOCLES, un livre.

On m'a fabriqué SOCLES, un livre. 

2 février 2016

Les choses sérieuses

Quelque chose qui se trouve sur ce blog se trouve aussi dans le numéro 24 de la revue de bande dessinée Turkey Comix qui paraît ce mois-ci, la preuve, il y a mon nom dans la liste des auteurs, vous pouvez vérifier : http://www.thehoochiecoochie.com/catalogue/revues/turkey-comix/210-turkey-comix-24

C'est drôle cette publication avec un temps de retard sur mes préoccupations ; j'imagine qu'il en est toujours ainsi, plus ou moins, mais là c'est encore plus drôle quand on sait les choses. J'étais drôle quand j'ai voulu faire “de la BD”. Ou plutôt non, j'étais tout sauf drôle, j'étais tout à fait sérieux au début, voici les quêtes que je voulais mener à l'origine des choses :

– Les relations entre les sexes, que ce soit quand ils se réfléchissent ou quand ils se touchent

– Comment la psychologie individuelle peut s'auto-illusionner tout en conceptualisant les choses solidement

– Quand on est prolétaire c'est pas pareil

– L'écheveau de langages qui servent à construire l'absurdité et qui finalement s'en éloignent quand on va jusqu'au bout

Comment tout cela a t-il pu se retirer petit à petit ? Comment en être arrivé à vouloir correspondre sans cesse au bédéaste naïf et déchirant s'épanouissant dans la recherche de formes ? Les gens ne se doutent guère à quel point je ne veux pas créer de formes ni les déchirer mais plutôt DIRE, et quand on DIT vraiment ça crée forcément, c'est ça que les gens ne semblent pas vouloir comprendre. C'est toujours plus reposant de tracer des formes sans DIRE, je l'ai fait aussi, tiens d'ailleurs j'avais écrit "repoussant" au début, au lieu de "reposant", et c'est tout à fait ça : ça repousse toujours plus loin le moment où il faudra dire vraiment, ça reporte aux calendes grecques les choses sérieuses. 

23 mai 2015

Je n'avais confiance qu'en mes intuitions et je

Intro

Je n'avais confiance qu'en mes intuitions et je mettais tout ce que j'avais dans des petits bonhommes. C'était ma vie. Je pouvais m'illusionner d'un rien, ce qui était une force autant qu'une faiblesse.

Tabourets

Je voulais souligner des choses, les signaler, mais sans avoir la place pour. J'avais seulement la place pour l'implicite. Ça ne me convient plus.

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